La découverte en 1974 dans la vallée de l'Aouache en Éthiopie, des 52 morceaux du squelette degrand-mère Lucy avaient permis à Yves Coppens, paléontologue de renommée internationale, de définir une théorie selon laquelle le berceau de l'humanité se trouvait dans la vallée du Rift, sur le versant Est de l'Afrique. Mais voilà qu'en 1995, un chercheur poitevin, Michel Brunet, vient d'un coup de mâchoire d'australopithèque de bouleverser le petit monde de la préhistoire. Lucy avait en fait un grand frère, domicilié à quelques milliers de kilomètres à l'ouest, dans la région sablonneuse du Baharel Ghazal au Tchad. Baptisé Abel, en hommage à un chercheur vendéen à l'origine de cette formidable aventure : Abel Brillanceau.
L'histoire fourmille d'anecdotes, la préhistoire aussi. Le petit village de Menomblet, dans le département de la Vendée, vit actuellement des heures (pré)-historiques. En effet, Abel, le quatrième des 10 enfants de la famille Brillanceau natifs de cette petite municipalité, vient de laisser son prénom sur les tables de la postérité.
Abel Brillanceau était, il y a encore quelques jours, un illustre inconnu dans le bourg de Menomblet. On connaissait la famille Brillanceau, des agriculteurs appréciés. Certains habitants n'ignoraient pas que l'un des fils avait fait de brillantes études et qu'il avait même travaillé à la réalisation du barrage de Saint-Vincent-sur-Graon, mais depuis le décès de ses parents tout cela était plus ou moins oublié. Mais voilà que ce brillant élève de Saint-Laurent-sur-Sèvre et de la Tourtelière - il passa son bac à 16 ans (par dispense), c'était en 1948 ! - refait actuellement beaucoup parler de lui.
Parti très tôt de la ferme familiale, dont il était logiquement l'héritier (étant le premier des garçons), il va travailler d'arrache-pied pour pouvoir suivre des études supérieures : " Il faisait la vaisselle dans les restaurants, il fut également instituteur pour payer ses études, car mes parents souhaitaient qu'il s'occupe de la ferme et donc ne voulaient pas l'aider financièrement ", explique sa jeune sœur aujourd'hui installée à Chantonnay. Une fois ses études terminées, il s'installe à Poitiers où il enseigne comme maître de conférence à l'université. C'est au titre de géologue qu'il y a plus de 10 ans, son confrère et ami Michel Brunet lui demande d'aller sonder le sol centrafricain pour de futures recherches sur l'origine de l'homme. Dater la terre est en effet une des clés de la paléontologie, cela permet de ne pas effectuer certaines fouilles qui s'avéreraient inutiles. Et c'est au cours de l'une de ses nombreuses missions géologiques, sur le sol camerounais, qu'Abel Brillanceau va contracter une forme de paludisme qui lui sera fatale. Il décède en février 1989 à bord de l'avion qui le ramène en France.
Michel Brunet va continuer ses recherches toutes ces années durant, du Cameroun il traverse le Nigeria pour arriver au Tchad où il va effectuer enfin cette incroyable découverte : une mâchoire inférieure datant de plus de trois millions années ! Cette simple mâchoire et ses quelques dents en disent à la fois très long sur l'origine de l'homme mais sûrement pas assez. Elle remet en cause, en effet toute la théorie de Coppens qui indique que le berceau de l'humanité se trouve en Éthiopie, là où il a découvert la jeune sœur d'Abel, Lucy. Michel Brunet, en hommage et souvenir de sa grande amitié pour celui qui travailla à ses côtés dans cette aventure et qui y laissa sa vie, a tenu à baptiser sa découverte de son prénom : Abel.
Le grand-père de l'humanité a donc été baptisé Abel grâce à un Vendéen, un moyen mnémotechnique idéal pour les scolaires qui de toute évidence, apprendront bientôt dans leurs manuels que le plus vieil homme connu, de la famille des australopithèques, se prénomme Abel.
D.G.
Abel : grand-père de l'humanité
La découverte en 1974 dans la vallée de l'Aouache en Éthiopie, des 52 morceaux du squelette de grand-mère Lucy avaient permis à Yves Coppens, paléontologue de renommée internationale, de définir une théorie selon laquelle le berceau de l'humanité se trouvait dans la vallée du Rift, sur le versant Est de l'Afrique. Mais voilà qu'en 1995, un chercheur poitevin, Michel Brunet, vient d'un coup de mâchoire d'australopithèque de bouleverser le petit monde de la préhistoire. Lucy avait en fait un grand frère, domicilié à quelques milliers de kilomètres à l'ouest, dans la région sablonneuse du Baharel Ghazal au Tchad. Baptisé Abel, en hommage à un chercheur vendéen à l'origine de cette formidable aventure : Abel Brianceau.
L'histoire fourmille d'anecdotes, la préhistoire aussi. Le petit village de Menomblet, dans le département de la Vendée, vit actuellement des heures (pré)-historiques. En effet, Abel, le quatrième des 10 enfants de la famille Brianceau natifs de cette petite municipalité, vient de laisser son prénom sur les tables de la postérité.
Abel Brianceau était, il y a encore quelques jours, un illustre inconnu dans le bourg de Menomblet. On connaissait la famille Brianceau, des agriculteurs appréciés. Certains habitants n'ignoraient pas que l'un des fils avait fait de brillantes études et qu'il avait même travaillé à la réalisation du barrage de Saint-Vincent-sur-Graon, mais depuis le décès de ses parents tout cela était plus ou moins oublié. Mais voilà que ce brillant élève de Saint-Laurent-sur-Sèvre et de la Tourtelière - il passa son bac à 16 ans (par dispense), c'était en 1948 ! - refait actuellement beaucoup parler de lui.
Parti très tôt de la ferme familiale, dont il était logiquement l'héritier (étant le premier des garçons), il va travailler d'arrache-pied pour pouvoir suivre des études supérieures : " Il faisait la vaisselle dans les restaurants, il fut également instituteur pour payer ses études, car mes parents souhaitaient qu'il s'occupe de la ferme et donc ne voulaient pas l'aider financièrement ", explique sa jeune sœur aujourd'hui installée à Chantonnay. Une fois ses études terminées, il s'installe à Poitiers où il enseigne comme maître de conférence à l'université. C'est au titre de géologue qu'il y a plus de 10 ans, son confrère et ami Michel Brunet lui demande d'aller sonder le sol centrafricain pour de futures recherches sur l'origine de l'homme. Dater la terre est en effet une des clés de la paléontologie, cela permet de ne pas effectuer certaines fouilles qui s'avéreraient inutiles. Et c'est au cours de l'une de ses nombreuses missions géologiques, sur le sol camerounais, qu'Abel Brianceau va contracter une forme de paludisme qui lui sera fatale. Il décède en février 1989 à bord de l'avion qui le ramène en France.
Michel Brunet va continuer ses recherches toutes ces années durant, du Cameroun il traverse le Nigeria pour arriver au Tchad où il va effectuer enfin cette incroyable découverte : une mâchoire inférieure datant de plus de trois millions années ! Cette simple mâchoire et ses quelques dents en disent à la fois très long sur l'origine de l'homme mais sûrement pas assez. Elle remet en cause, en effet toute la théorie de Coppens qui indique que le berceau de l'humanité se trouve en Éthiopie, là où il a découvert la jeune sœur d'Abel, Lucy. Michel Brunet, en hommage et souvenir de sa grande amitié pour celui qui travailla à ses côtés dans cette aventure et qui y laissa sa vie, a tenu à baptiser sa découverte de son prénom : Abel.
Le grand-père de l'humanité a donc été baptisé Abel grâce à un Vendéen, un moyen mnémotechnique idéal pour les scolaires qui de toute évidence, apprendront bientôt dans leurs manuels que le plus vieil homme connu, de la famille des australopithèques, se prénomme Abel.
D.G.